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Le Bouleau

                   Betula utilis - Birke - Birch

A la Beaume nous avons un bouleau dans le parc, planté en mars 2018, et plusieurs au bord de la petite mare côté ferme

Son nom

Betula est d'origine celtique. « Bouleau » dérive directement du latin et de l'ancien français « boul ». Papyfera, le nom de notre espèce la plus commune, signifie « bouleau à papier ». On l'appelle aussi « bouleau blanc » ou « bouleau à canot ». À noter que le nom générique anglais birch, qui désigne toutes les espèces de bouleaux, est d'origine sanscrite (bhurga) et signifie « ce sur quoi l'on peut écrire ». Bref, tous les bouleaux présentent une écorce caractéristique qui rappelle le papier.

Une certaine confusion s'est installée au Québec à propos de deux espèces de bouleau que l'on appelle à tort « merisier » (B. alleghaniensis) et « merisier rouge » (B. lenta). L'erreur viendrait des tout premiers débuts de la colonisation lorsque, cherchant à identifier les espèces botaniques qui poussaient sur ce nouveau continent, nos ancêtres auraient été confondus par une certaine similitude entre la forme de la feuille du bouleau jaune et celle d'un cerisier européen.

En Europe, on a appelé le bouleau « l'arbre de la sagesse » et toute une petite mythologie s'est créée autour de lui. Axe du monde, pilier cosmique, arbre sacré, il a tantôt symbolisé le printemps et les jeunes filles, tantôt les esprits protecteurs. Ses branches ont servi à recouvrir les dépouilles mortelles ainsi qu'à confectionner des torches nuptiales que l'on brûlait le jour des noces pour attirer le bonheur sur les nouveaux mariés.

Son rôle dans l'équilibre écologique

Les bouleaux sont des espèces pionnières qui occupent rapidement les lieux dévastés par les feux de forêts ou autres cataclysmes naturels. Par ce squattage tout à fait licite, ils empêchent l'érosion du sol par le vent, la pluie et le soleil. En outre, ils fournissent une ombre bienfaisante à d'autres espèces émergentes, qui ne peuvent germer à la lumière. Eux-mêmes n'occupent jamais un endroit donné pendant plus d'une génération puisqu'ils ne tolèrent nullement l'ombre, ni pour germer ni pour croître et s'épanouir. Le vent disperse donc leurs semences aux quatre horizons et la deuxième génération s'établira parfois à plusieurs kilomètres de la première. D'une certaine façon, ce sont d'incorrigibles errants qui ne prennent racine et n'adoptent pays que le temps de perpétuer l'espèce.

Je craque pour toi mon bouleau

Dans l'écologie humaine, le bouleau blanc a, plus que tout autre arbre de quelque espèce, genre ou famille que ce soit, contribué au développement de la culture amérindienne du Canada et du nord des États-Unis. Arbre fétiche, arbre culte, aux innombrables variétés, certaines très locales, il était vénéré pour les services qu'il rendait aux collectivités humaines, particulièrement son écorce qui servait, bien sûr, à la fabrication des canots, mais aussi à celle de contenants de toutes catégories, depuis le cassot vite fait qui ne servait qu'une fois à la boîte finement ouvragée dans laquelle on transportait ses biens les plus précieux, en passant par les récipients à aliments. Les Amérindiens avaient d'ailleurs compris que les aliments se conservaient plus longtemps au contact de l'écorce de bouleau que de toute autre substance, d'où la pratique d'en tapisser les fosses qui leur servaient de garde-manger. Ils avaient également mis au point une technique permettant d'imperméabiliser leurs contenants de manière à pouvoir y transporter de l'eau. Pour ce faire, ils les enduisaient d'un mélange de gomme de sapin et de graisse d'ours. En outre, inflammable même mouillée, l'écorce était inestimable quand venait le temps d'allumer un feu après une pluie. Enfin, pour ainsi dire imputrescible, on s'en est servi comme doublure dans les chaussures pour protéger contre l'humidité.

Un culte semblable a été porté au bouleau blanc (B. pendula) européen par les peuplades nordiques de la Sibérie, la Russie et l'Asie centrale, à qui il a rendu des services tout aussi remarquables.

Et ça se mange?

Jeunes feuilles : les très jeunes feuilles se consomment au printemps, mais avec l'âge, elles prennent une saveur par trop résineuse.

Bois : en Scandinavie, on a fait du pain avec de la sciure (!) de bouleau bouillie, séchée au four, pulvérisée et mélangée à de la farine.

Écorce interne : en Europe, on a mangé l'écorce interne du bouleau blanc. En Laponie, on en faisait une farine grossière et, en Sibérie, on la consommait avec des oeufs d'esturgeon. Les Amérindiens consommaient l'écorce du bouleau à papier qui était réputée très sucrée. Celle des sujets les plus âgés était la meilleure et il paraît que les enfants en raffolaient.

Écorce de la racine : on a employé l'écorce de la racine du bouleau à papier pour faire un substitut de thé.

Sève : dans le centre, le nord et l'ouest du Canada, régions d'où l'érable à sucre est absent, les Amérindiens récoltaient la sève du bouleau à papier. Ils la buvaient telle quelle ou l'ajoutaient aux soupes. On en faisait parfois du sirop qui entrait dans la préparation de la bannique. Au Québec, les Algonquins récoltaient la sève du bouleau jaune qu'ils mélangeaient à celle de l'érable à sucre pour la fabrication du sirop. Les Saulteux mélangeaient également ces deux types de sèves et en faisaient une boisson froide.

En Europe, on a aussi recueilli la sève du bouleau blanc. Pour la conserver, on ajoutait quatre ou cinq clous de girofle au litre. Elle a permis de faire un vin légèrement pétillant, ou encore une bière aux propriétés rafraîchissantes et diurétiques, dont vous trouverez la recette dans Documents associés.

Et ça soigne quoi?

Les feuilles, les bourgeons, l'écorce et la sève du bouleau blanc européen (B. pendula) ont tous servi en médecine. À l'occasion, on s'est aussi servi des fleurs, mais pour beaucoup de personnes, le pollen est source de problèmes allergiques qui peuvent être graves.

En Amérique, chez certaines peuplades, on buvait la sève fraîche du bouleau à papier comme tonique printanier; ailleurs, on s'en servait comme remède contre le rhume. En médecine, celle du bouleau européen a été employée comme dépuratif pour soigner les éruptions cutanées et dartreuses.

Les feuilles du bouleau blanc ont servi à soigner tous les types d'insuffisance urinaire, particulièrement l'hydropisie, ainsi que le rhumatisme, l'arthrite, la goutte et les infections urinaires. C'était, en fait, les principales indications de cette plante. En outre, l'obésité et la cellulite ont parfois cédé à un traitement aux feuilles de bouleau.

L'écorce a servi à soigner les fièvres intermittentes.

Les bourgeons ont servi à soigner l'engorgement des ganglions lymphatiques.

Par voie externe, les feuilles fraîches ont servi en application contre la goutte, le rhumatisme, les maladies de la peau et l'hydropisie. Il arrivait que, dans les cas graves, on enveloppe entièrement le patient de feuilles de bouleau, méthode qui réussissait là où bien d'autres échouaient. Un rinçage aux feuilles de bouleau serait efficace contre les pellicules et la chute des cheveux. L'écorce, les feuilles, les bourgeons et les fleurs ont servi comme antiseptique externe et détersif pour soigner les plaies et les irritations cutanées. Les minces feuillets composant l'écorce étaient séparés pour servir de pansements antiseptiques. On a fait avec l'écorce réduite en poudre un onguent contre les blessures mineures.

L'essence de wintergreen naturelle, extraite jadis par distillation des feuilles du thé des bois, provient aujourd'hui de l'écorce du bouleau jaune (B. alleghaniensis). Petite plante aux feuilles elles-mêmes minuscules, le thé des bois donne relativement peu d'essence, laquelle est, par conséquent, fort coûteuse. Du moins elle l'était jusqu'à ce qu'on découvre que l'écorce des bouleaux, particulièrement celle du bouleau jaune, en était riche. L'action analgésique, tant interne qu'externe, du bouleau serait due en bonne partie à cette essence composée, en fait, de salicylate de méthyle, substance proche de l'acide acétyl-salicylique. En passant, si « salicylate de méthyle » ou « huile de wintergreen » ne vous disent rien, peut-être que « paparmane » rose et « antiphlogistine » vous rappelleront, eux, quelques souvenirs d'enfance. Il s'agit bien sûr de deux produits renfermant du salicylate de méthyle.

Un arbre majestueux et facile à vivre

Le bouleau (genre Betula) est un arbre très rustique (certaines espèces de bouleaux poussent au Groenland et en Sibérie), dont le feuillage, fin et aéré, est caduc. Certaines espèces peuvent atteindre 30 mètres de hauteur, mais d'autres sont adaptées aux petits jardins. Sous les climats tempérés, le bouleau ne vit généralement pas très longtemps (environ 30 ans), mais cet inconvénient est compensé par une croissance rapide.

Plantation et multiplication

La plantation est à réaliser de préférence en automne. Les racines du bouleau étant traçantes, il faut éviter de le planter à proximité d'une canalisation ou d'une terrasse. Prévoyez également suffisamment d'espace autour de l'arbre, car il supporte mal la compétition avec d'autres végétaux.

Le bouleau peut être multiplié par semis : les chatons femelles (semblables à de petits cônes dressés) sont récoltés à l'automne, stockés au froid durant tout l'hiver, puis semés au printemps.

En pratique

Sol

Tous, sauf sols très secs.

Exposition

Soleil.

Floraison

A partir du mois d'avril. L'arbre porte des chatons mâles et des chatons femelles, et la pollinisation est assurée par le vent. Le pollen de bouleau est d'ailleurs l'un des plus allergisants.

Entretien

L'entretien est quasiment inexistant. En dehors des sujets jeunes qui peuvent avoir besoin d'un arrosage en cas de sécheresse, aucun soin particulier n'est nécessaire : le bouleau, qui se contente de sols pauvres, n'a pas besoin de fertilisation, et la taille n'est pas nécessaire.

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